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Jésuites à La Réunion
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Que nos cœurs brûlent de vraie vie !

"Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha..."

Retrouvez ici l’évangile du 4 mai 2014, 3e dimanche de Pâques (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 5 mai 2014

par Père Christophe Kerhardy sj

"Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha..."

Retrouvez ici l’évangile du 4 mai 2014, 3e dimanche de Pâques (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Au départ, les deux disciples d’Emmaüs ont le cœur triste. Ils n’entendent rien des cloches de Pâques, dans leur tête bourdonne encore le glas. Ils ressassent la mort de Jésus, ils ont le moral à zéro. Leur espoir avait été grand avec lui, alors leur déception est immense. Il nous arrive aussi certains jours, certains soirs d’avoir l’impression que tout est foutu et comme Cléophas et son compagnon, nous avons le cœur gros.

Dieu nous rejoint quand nous sommes désolés et il commence par nous donner la parole : « De quoi discutiez-vous en chemin ? ». C’est comme s’il nous invitait à vider notre sac, à dévider ce que nous avons sur le cœur. C’est le début de la messe où nous reconnaissons notre peine et le péché qui nous fait mal... Je confesse à Dieu tout puissant, je reconnais mes paroles, mes actes, mes omissions qui m’attristent, qui m’embrouillent et m’enlèvent la joie et la paix...

Mais on ne peut pas en rester là, pour progresser, il faut cesser de s’écouter soi-même, faire l’effort de se taire et écouter ce que Dieu veut nous dire : lui pourra remettre de la lumière dans un cœur sombre. Lui pourra remettre du sens dans une histoire insensée. Comment ?

Non pas en regardant dans une boule de cristal ou en tirant les cartes comme on le fait pour se rassurer. Mais, comme le fait Jésus, en relisant le Livre de vie. De Jérusalem à Emmaüs, il y a une dizaine de kilomètres à parcourir, cela prend environ trois heures de marche. En trois heures, Jésus relit les événements à la lumière des Écritures, depuis Moïse et les prophètes. En deux, trois heures de temps, les disciples qui ne reconnaissent pas encore Jésus ressuscité sentent que leur déprime est en train de disparaître.

Ce chemin des Écritures qu’ils font, c’est l’étape de la messe où nous sommes maintenant, le temps où nous laissons Dieu réinterpréter positivement des événements que nous, nous regardons comme négatifs. Ainsi, Jésus chasse la mort qui leur encombrait le cœur. Si vos âmes sont des corbillards, laissez Dieu vous parler, il en fera des berceaux.

Il y a des années, un peu avant Pâques, une femme m’avait longuement parlé de sa vie. Battue par son mari, elle avait dû le quitter. Son fils qu’elle avait élevé seule avait sombré dans la drogue avant de se suicider. Bref, un vrai calvaire !

Alors que j’essayais de la réconforter en lui parlant de la résurrection et de la victoire de Jésus sur nos souffrances et nos échecs... elle me lâche tranquillement : « Mais mon père, je ne crois pas en la résurrection, je préfère la réincarnation ! ». Je lui demande pourquoi et elle me dit : « Au moins j’aurai une nouvelle chance ». Je lui dis : mais une nouvelle chance de quoi ? De revenir dans ce genre de vie que vous venez de me raconter, avec tant d’épreuves et d’angoisses, revenir dans ces jours noirs plus tristes que la nuit... ? Non, Dieu veut beaucoup mieux pour nous. Après la mort, il nous ouvre à une vie nouvelle, où il n’y aura plus de larmes, où toute tristesse aura disparu, où nous serons éternellement dans la louange et dans la joie. En plus, c’est gratuit, Jésus a réglé la facture... Laissez donc la Bonne Nouvelle vous brûler le cœur. N’attendez pas demain pour sentir et goûter votre vie ressuscitée avec le Christ.

Pour revenir à l’évangile d’Emmaüs, une dernière chose est étonnante, les disciples reconnaissent Jésus lorsqu’il disparaît. Ils voient quand il n’y a plus rien à voir. Plus rien à voir ou presque, parce qu’il reste du pain rompu sur la table : c’est le moment de la messe où le Christ est présent dans l’Eucharistie. Là est le ressuscité, présent dans le pain consacré, là est notre nourriture qui nous assimile déjà à la vie du Christ ressuscité. Alors, fini les esprits défaitistes et les têtes d’enterrement, dans nos yeux le Seigneur vient faire briller la joie de Pâques.

Au fond, le chemin de Cléophas et son compagnon, nous le revivons à chaque messe : nous avons commencé par l’aveu de nos peines, puis est venu le partage des Écritures, ensuite nous refaisons la fraction et le partage du pain, comme à l’auberge d’Emmaüs.

Il reste un dernier moment : celui de l’envoi. Les deux disciples se lèvent et reviennent vers Jérusalem tout joyeux d’avoir rencontré le Christ ressuscité et ils veulent partager cette joie. C’est cela la mission de l’Église : être témoin de la victoire de Pâques. D’ailleurs, le compagnon de Cléophas est anonyme parce que sa place, c’est la nôtre. La route d’Emmaüs est une célébration de la joie chrétienne où la résurrection de Jésus redonne vie et joie à des disciples abattus ; cette vie, cette joie, nul ne pourra nous la ravir. Mon Dieu, je voudrais tant que nos cœurs brûlent de vraie vie et que nos yeux brillent de joie.

(Illustrations : He Qi)