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Un chemin de joie et de foi
Article mis en ligne le 18 août 2021
dernière modification le 23 août 2021

par P. François Noiret sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 15 août 2021, solennité de l’Assomption, ainsi que l’homélie du père François Noiret.

« Tu es bénie, Vierge Marie, par le Seigneur notre Dieu, plus que toutes les femmes de la terre ! »
Qui dit cela ? Une vieille femme, Elisabeth, remplie de bonheur, dont l’enfant tressaille de joie en son sein. Et elle ajoute :
« Heureuse es-tu, toi qui as cru que s’accompliraient les paroles qui te furent dites de la part du Seigneur ! »
Ces récits de saint Luc sont remplis de bonheur. Alors Marie chante :
« Magnifique est le Seigneur, tout mon cœur pour chanter Dieu ! » (chant), et c’est devenu la prière que l’Église chante chaque jour à l’office du soir.

C’est aujourd’hui la fête de l’Assomption de la Vierge Marie, mère de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ. Ce récit est celui de la Visitation, c’est-à-dire des débuts, quand Marie toute jeune était enceinte ; et nous fêtons aujourd’hui la Dormition de Marie, comme on dit aussi, c’est-à-dire son endormissement, son sommeil, quand elle est vieille, puisque Marie a survécu à la mort de son Fils et qu’elle a vécu encore à Ephèse avec saint Jean à qui Jésus l’avait confiée, où l’on voit encore sa maison, dit-on, devenue une petite église dans les bois à 8 km de la ville.

Mais Marie âgée, mère de l’Eglise et de tous les hommes, est-elle vieille ? Elle est éternellement jeune et heureuse, malgré la croix, malgré la mort. C’est bien ce que nous espérons et croyons pour nous aussi : être avec le Christ dans la gloire de Dieu le Père, par-delà la mort, le Prince des ténèbres ayant été vaincu par Celui qui est la Lumière des hommes, Jésus, le fils de Marie, le fils du Père.

Nous sommes en chemin. La fête de ce jour, comme l’Ascension du Christ, nous trace un chemin de lumière et de joie, d’espérance et de foi, celui du Christ qui prend sa mère avec Lui, comme Il nous prendra avec Lui pour nous mener à Dieu. Et d’ailleurs c’est déjà ce qu’Il fait, sinon nous ne serions pas ici, si heureux de célébrer cette fête.

Demandons au Seigneur d’effacer de nos cœurs toute tristesse. La tristesse ne vient pas de Dieu. Il faut la refuser et la combattre. Certes, le Seigneur n’effacera pas toutes les douleurs, non ; Marie a connu aussi les douleurs, en suivant Jésus sur les chemins, en traversant ses épreuves, surtout en se tenant à ses côtés quand il mourait sur la croix. Mais les douleurs humaines n’ont pas détruit sa joie, la joie qui naît de sa foi, une joie qui n’est pas toujours sensible ni exultante, mais une joie profonde, celle de la foi que ne détruisent pas les épreuves. Elle a toujours cru. La vie est là !

Si nous n’avons pas cette foi si vive qui fut la sienne, il nous faut la demander. « Seigneur, augmente en nous la foi », disent les apôtres à Jésus. « Si vous l’aviez gros comme un grain de moutarde… », dit-il, et, une autre fois : « Tout est possible à celui qui croit ».

Ecoutons bien les paroles de Jésus dans l’évangile de saint Luc à propos de sa mère dans ce récit : « Une femme dans la foule éleva la voix et dit : Heureuses les entrailles qui t’ont porté, heureux le sein qui t’a nourri » - Marie, bien sûr. « Il répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent » - Marie encore, « sa mère qui gardait fidèlement toutes ces paroles dans son cœur. » Oui, tu es bénie, Vierge Marie, par le Seigneur notre Dieu, plus que toutes les femmes de la terre ! Et là, c’est Jésus qui bénit sa mère.

Il y a beaucoup de fêtes de l’Église où Marie est présente et où elle joue un rôle majeur : elle est là à l’Annonciation, bien sûr, à la Visitation, à Noël, à la Croix le Vendredi saint, à l’Ascension et à la Pentecôte, sans parler de sa Nativité le 8 septembre et de sa conception le 8 décembre. Mais dans toutes ces fêtes, Marie agit pour les autres, pour ainsi dire, pas pour elle-même : à l’Annonciation, elle accueille le Christ en elle-même pour le monde ; à la Visitation, elle visite Elisabeth et lui apporte le Christ ; à Noël, elle met Jésus au monde ; elle l’enfante pour le monde ; à l’Ascension et à la Pentecôte, c’est pour l’Église qu’elle est là à prier avec les apôtres. Mais à l’Assomption, c’est une fête pour elle, si j’ose dire, c’est sa récompense : jusque là elle agissait pour le Christ, maintenant elle ne fait plus rien, elle s’endort, et c’est le Christ qui agit pour elle, il la prend avec lui. C’est le Fils qui récompense sa Mère.

Permettez-moi de rapporter un souvenir personnel. Je me souviens de la joie de ma mère quand chaque année arrivait la fête du 15 août. C’était une joie différente de Noël, de Pâques, des autres fêtes, plus discrète, mais avec une autre motivation… Dans le fond, je me dis que l’Assomption de Marie, c’est la fête des Femmes - pas la fête des Mères, ou des grands-mères, mais la fête des Femmes parce qu’elles sont femmes. C’est un jour où tous les hommes devraient offrir des fleurs à leurs femmes, pas seulement comme épouses, ou comme mère de leurs enfants, mais simplement parce qu’elles sont femmes et peuvent être heureuses d’être femmes. Ai-je tort, ai-je raison ? A vous d’en juger. Mais quand je me souviens du bonheur de ma mère à chaque fête de l’Assomption, je sais que ce bonheur venait du bonheur de Marie, la première, et la seule à ce jour, élevée par le Christ dans la gloire du ciel et associée directement à sa résurrection d’entre les morts. L’Assomption, c’est la Pâque de Marie et ce sera la nôtre un jour. Et c’est pourquoi nous nous réjouissons et pouvons la bénir : « Tu es bénie, Vierge Marie, par le Seigneur notre Dieu, plus que toutes les femmes de la terre » et lui redire : « Je vous salue, Marie, pleine de grâce… (et toute l’assemblée enchaîne la salutation angélique) ». Amen !


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