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Jésuites à La Réunion
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Notre Père attend de retrouver tous ses fils perdus

Retrouvez ici l’évangile du 15 septembre 2013, 24e dimanche ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 17 septembre 2013

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 15 septembre 2013, 24e dimanche ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Le fils prodigue Murillo

Quand arrive le temps des soldes, c’est la cohue dans la ville. Avec 50% de réduction sur les articles, chacun en profite pour faire quelques bonnes affaires. Une foule de gens se presse aussi autour de Jésus, c’est la cohue dans son entourage ; le pardon qu’il apporte solde les comptes du péché, c’est une bonne affaire. Oh, Jésus ne jette pas aux orties les règles de bonne conduite inscrites dans la Loi, s’il parle aux pécheurs et mange avec eux, c’est pour les amener à un changement d’attitude, à une conversion.

Devant cette cohue, un petit cercle se détache. Des pharisiens et des scribes, sourcilleux avec la Loi, fidèles de chez fidèle sont indisposés. Pour eux, la Loi est comme un arsenal de munitions prêt pour tirer sur quiconque a manqué à ses obligations. On comprend dès lors qu’ils grognent contre Jésus ; ses mauvaises fréquentations leur déplaisent et sa clémence à l’égard des pécheurs leur apparaît comme un trop grand laxisme. C’est à ces Pharisiens que s’adresse la célèbre parabole du fils prodigue, espérant que la figure du Père, tellement heureux d’avoir retrouvé son fils, nous aide à comprendre l’état du cœur de Dieu face à l’homme perdu.

Les parents qui ont perdu un enfant savent combien l’épreuve est dure, de même pour le Père des cieux, c’est dramatique de voir un seul de ses petits se perdre. C’est pourquoi Jésus vient à nous avec la mission de tout faire, de ne rien s’épargner, afin de retrouver ce qui est perdu. Le Christ est le sauveur de tous les égarés, ceux qui sont loin comme ceux qui sont proches.

Commençons donc par ceux qui sont loin.

Un fils décide de prendre le large en réclamant sa part d’héritage. Mais que fait-on quand on réclame un héritage ? On tue symboliquement le père, on fait disparaître la source de l’être en s’imaginant qu’on sera enfin libre et heureux. Voilà la marque d’une crise juvénile qui va se révéler être une belle chimère. Avec ce fils qui part à l’aventure, Jésus s’adresse donc à ceux qui sont perdus dans une existence loin de Dieu, perdus dans une liberté folle, perdus dans un mode de vie désordonné. Le jeune fils dépense sans compter la part d’héritage qu’il avait reçue de son père. Mais la pointe de la parabole ce n’est pas l’argent gaspillé, c’est la vie perdue. Il avait fait disparaître son père de sa vue eh bien le voilà qu’il perd à présent sa vie.

Pour Dieu, c’est l’homme qui touche le fond, c’est la vie en danger de mort qui lui déchire le cœur et qu’il faut sauver coûte que coûte. Jésus s’est rendu volontaire pour cette mission. Envoyé auprès d’une multitude de frères égarés, berger des brebis perdues : voilà le Christ.

Venons-en maintenant à ceux qui sont proches, car on peut aussi se perdre sans avoir jamais quitté la maison.

La drachme perdue James Tissot

Une drachme est perdue, elle n’est pas loin, elle est à l’intérieur de la maison tout comme le deuxième fils ; ce dernier ne ressemble pas à son jeune frère, lui n’a jamais quitté la maison du père, il n’est pas rebelle, il travaille au champ et il ne fait jamais la fête, il a du mérite. Et pourtant il est bien égaré lui aussi. Ce fils de l’intérieur, c’est le pharisien, bien sous tous les rapports, celui qui n’a jamais dévié. Mais alors, quelle est sa limite ? Il est atteint par le virus de la méritocratie. Pourquoi a-t-il moins reçu alors qu’il mérite plus ? Au fond, sa religion fondée sur les mérites conduit à un Dieu bienveillant pour les justes et intraitable pour les pécheurs. Ce Dieu pharisien, n’est pas le Père de Jésus. Notre Père attend de retrouver tous ses fils perdus, ceux qui sont loin de lui et ceux qui sont proches. Pharisiens et publicains, tous doivent se convertir à l’idée que la grâce n’est pas un dû mais un don.

Je le répète, la grâce n’est pas un dû, c’est un don et c’est cela que va découvrir le fils prodigue alors qu’il revient tout penaud à la maison après avoir pataugé avec les porcs. Ne nous lassons pas d’être émus par la scène des retrouvailles. Le Père court au-devant de son fils, c’est dire s’il se languissait de le voir revenir, le coupable tombe dans les bras de la miséricorde, le perdu est enlacé par le pardon. Ainsi, quand on n’a plus rien à réclamer, plus rien à revendiquer comme un droit, alors il reste à tout recevoir gratuitement. C’est cela la grâce.

Nous sommes bien conscients de nos couacs, de nos péchés, nous les confessons, mais nous croyons surtout que chacun a été saisi par la miséricorde, enveloppé par la grâce et revêtu de la plus belle robe, comme le fils prodigue. Convaincu que la grâce de Dieu absout nos péchés et dépasse nos vertus, de grâce, qu’aucun sentiment d’indignité, qu’aucune raideur ne vienne gâcher la joie du Père et de ses anges. Avançons-nous plutôt vers l’Eucharistie, elle est le festin que Jésus, l’unique bon fils, a préparé pour célébrer le retour de ses frères perdus.