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Jésuites à La Réunion
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Libre devant un choix exigeant

Retrouvez l’évangile du 30 juin 2013, 13e dimanche du Temps ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 5 juillet 2013

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du 30 juin 2013, 13e dimanche du Temps ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Jacques et de Jean, ces « fils du tonnerre » comme on les appelle, vexés par un village qui n’a pas accueilli Jésus et les siens, voudraient faire tomber du ciel un feu pour détruire ces ingrats. S’il fallait détruire tous les villages qui n’accueillent pas le Christ, la terre serait à feu et à sang.

Nous savons combien ce genre de radicalité idéologique mène aux pires excès ! Nous avons tous en tête, les attentats, les génocides, les horreurs de l’apartheid. Jésus refuse la violence imposée à autrui : jamais ses disciples, jamais l’Église ne pourra se comporter comme une horde de vandales ! L’histoire donnera tort à ceux qui veulent régler le sort des infidèles à coup d’explosif et de voitures piégées. Pour ce qui nous conterne, nous suivons Jésus, le pacifique, qui affirmera jusqu’au bout : « Celui qui fait mourir par l’épée, périra par l’épée ». La non-violence est inscrite dans la philosophie évangélique : « Heureux les pacifiques, heureux les doux, ils verront Dieu ».

S’il y a une radicalité à vivre quand on suit le Christ, ce n’est pas une radicalité imposée aux autres, c’est une radicalité qu’on choisit pour soi-même. Quand il sent que sa Pâque arrive et qu’elle va le conduire à la Passion, est-ce que Jésus décide de rebrousser chemin, de se carapater ? Non, il choisit d’aller de l’avant et prend avec courage la route de Jérusalem, prêt à payer de sa vie le prix de la nôtre.

A la suite de Jésus, la vie de tout chrétien est une sorte de réminiscence pascale ! Souvenons-nous : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, proclamait Jésus, qu’il renonce à luimême, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. » « SI quelqu’un veut... » C’est clair, il n’y a pas de contrainte en religion et Jésus ne forcera pas notre liberté, ses appels ont plutôt pour effet de la stimuler.

Tu es donc libre, mais tu es aussi devant un choix exigeant. Pour en donner un aperçu, l’évangile nous présente trois hommes, trois caractères, trois attitudes qui pourraient bien être les nôtres.

Le premier affirme qu’il suivra Jésus partout. Qu’il peut le faire. Il ressemble à Pierre. Son oui est enthousiaste et certainement sincère mais il doit savoir que Jésus n’amène pas ses disciples vers une vie tranquille, sécurisante. Pour le suivre, il faut être prêt à se désinstaller, à être remis en question, à faire face à l’inconfort.

Le second a un cœur « large et généreux », il se dit prêt, mais il a quelque chose à faire avant de se mettre en route : enterrer son père. Quoi de plus normal ? Mais Jésus ne l’entend pas ainsi et sa réponse est brutale : « Laisse les morts enterrer leurs morts ». Cette formule vous choque ? Eh bien écoutez cette histoire : Madjibe, un ami Tchadien, avait un fils malade. Les médecins prescrivirent un traitement mais Madjibe ne trouva pas la somme nécessaire pour le payer, l’enfant mourut au bout de deux semaines, il avait 6 ans. Le village se cotisa pour financer les funérailles qui coûtèrent bien plus cher que le traitement. J’ai vécu cette expérience comme un scandale, j’avais le sentiment que la vie avait moins de valeur que la mort. J’avais envie de crier : laissez les morts enterrer leurs morts, occupez-vous d’abord de la vie.

Quant au troisième homme, il demande d’embrasser son père et sa mère avant de suivre Jésus. Celui-là ressemble à Élisée qui veut bien suivre Élie mais après avoir dit au revoir à sa famille. Là encore, c’est sans concession : “Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ». Comment Jésus peut-il répondre aussi durement, ne sait-il pas ce que représente le respect des parents et de la famille ?

Comprenons bien, ce n’est pas le respect familial que Jésus veut dissoudre, ce qu’il pointe, c’est notre immobilisme, avec toutes nos bonnes excuses, tous nos atermoiements, nos hésitations qui finissent par faire capoter l’avenir. Voyez d’ailleurs ce que l’immobilisme et le manque de décisions courageuses peuvent nous coûter à terme !

Et puisque nous savons si bien suspendre et supplanter la volonté de Dieu, toujours pour d’excellents motifs, ensemble demandons au Seigneur le courage de répondre promptement à son appel.

Seigneur Jésus, donne-nous de te suivre sans jamais remettre au lendemain les décisions courageuses qui participeront à l’avènement de ton Royaume. Par-delà nos deuils et nos morts, c’est toi notre vie, c’est toi notre avenir.