Véronique Margron avec Jérôme Cordelier. Albin Michel, 2019, 192 pages.
Si la dominicaine Véronique Margron, docteur en théologie morale et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, a écrit ce livre, c’est pour « affronter le scandale, en croyant, obstinément, les yeux ouverts et l’esprit lucide, que l’Église peut se réformer. Car là est son ADN. »
Une démarche de foi et de vérité, donc. Mais aussi un cri de colère. Écrit « à chaud » mais ancré dans l’expérience — depuis vingt ans, Véronique Margron écoute et accompagne des victimes d’inceste et de pédocriminalité — Un moment de vérité déroule deux parties : « Faire face » et « Vers un renouveau spirituel ».
« Faire face », c’est d’abord interroger le silence. Celui des victimes « en état de sidération », muselées par une honte paradoxale. Et celui de l’Église, conséquence d’un fonctionnement non pas hiérarchique mais en « communauté de foi », bien plus décentralisé qu’on ne croit.
À plusieurs reprises, Véronique Margron insiste sur la nécessité d’employer des mots exacts. Ainsi devrait-on parler, non de « pédophilie » (étymologiquement « l’amour des enfants ») mais de « pédocriminalité », ou encore bannir le terme « abus », qui peut laisser entendre que l’on est seulement allé trop loin dans l’exercice d’un droit préalable. Plus loin, elle souligne une regrettable confusion entre « péché » et « crime ».
La deuxième partie, « Vers un renouveau spirituel », analyse le discours de l’Église sur la sexualité puis énumère « douze travaux » urgents, du douzième d’où découlent tous les autres : mettre en actes la « tolérance zéro ».