Bandeau
Jésuites à La Réunion
Slogan du site

Le site des jésuites à La Réunion. La communauté de la Résidence du Sacré-Cœur, les activités de la chapelle de la Résidence et du Centre Saint-Ignace.

Le Baptême du Seigneur, fête de tous les appelés
Article mis en ligne le 14 janvier 2019

par Père François Noiret sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 13 janvier 2018, fête du Baptême du Seigneur (année C) et l’homélie du père François Noiret à la chapelle du Sacré-Cœur.

Lire l’évangile du jour

L’homélie

Dans les quatre évangiles, le récit du Baptême du Seigneur dans l’eau du Jourdain ouvre la vie publique de Jésus. C’est aujourd’hui dans toutes les Églises de l’Orient, catholiques comme orthodoxes, la fête de l’Épiphanie, ou la Noël orthodoxe, où l’on célèbre la manifestation du Christ en ce monde. Aujourd’hui, en Éthiopie, les chrétiens vont en masse vers les fleuves et les rivières, ils descendent dans l’eau pour un baptême collectif pour revivre ensemble chaque année le baptême de Jésus ; cette fête est pour eux plus importante que Pâques encore. Dans les Églises grecques et slaves, en Russie, Bulgarie, etc., c’est aujourd’hui qu’on baptise, comme nous baptisons, nous, à Pâques, souvent dans des rivières dans l’eau glacée !

Noël, le 25 décembre, l’Épiphanie, le 6 janvier, le Baptême de Jésus, le 13 janvier, c’est un seul mystère déployé en trois fêtes. On y a ajouté plus tard les fêtes de la Sainte Famille, dans la lumière de Noël, de Sainte Marie Mère de Dieu, le 1er janvier, de l’imposition du Nom de Jésus et de la Circoncision de l’Enfant au 8e jour. Mais, en réalité, les trois grandes fêtes de Noël, de l’Epiphanie et du Baptême sont le socle du cycle de l’Incarnation ; c’est un seul et même mystère qui se déploie sous trois aspects, de façon progressive : c’est la manifestation de Dieu dans ce monde, sa venue dans la chair, sa révélation aux Nations, son épiphanie dans les eaux du Jourdain quand l’Esprit plane sur lui tel une colombe et que la voix d’En-Haut résonne : Tu es mon Fils, qui fais toute ma joie, ou comme le dit le psaume 2, qui est un psaume du Messie : « Tu es mon Fils : moi, aujourd’hui je t’ai engendré. »

« Je t’ai engendré » : à Noël ou au Baptême ? Pour Jésus il y a pourtant 30 ans de distance entre les deux ! A l’Annonciation, quand il vient dans le ventre de la Vierge, ou à la Résurrection, quand Dieu le fait renaître du tombeau et le relève d’entre les morts ? Ou encore à la Croix, quand sa mère l’engendre pour de bon pour le faire passer à la vie nouvelle ? Car la foi ne sépare pas les mystères. Il y a un seul et même mystère. Et cet « aujourd’hui » de Dieu — « aujourd’hui, je t’ai engendré » dit le psaume — cet aujourd’hui de Dieu est de toujours, tous les jours et à jamais, sans quoi nous ne dirions pas « Notre Père » aujourd’hui et chaque jour.

C’est donc aujourd’hui le pic ou le sommet de la fête de Noël, — pas seulement le Verbe incarné en Jésus, mais la manifestation qu’on dit « théophanique » du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et aussitôt, l’Évangile est annoncé, la vie publique de Jésus commence, qui va durer trois ans. Vous ne serez pas surpris que dimanche prochain soit le 2e dimanche du temps ordinaire, car la fête du Baptême est la mise en route ou l’ouverture du temps ordinaire de l’année qui vient ; le 1er dimanche se cache sous ce Baptême du Christ, et nous lirons la suite de l’évangile d’aujourd’hui, celui de saint Luc, toute l’année, en passant quand même d’abord par Cana, avec Marie et les premiers disciples, parce que ce fut le premier des signes publics de Jésus.

Tous, nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Le jour de Noël, le Prologue de saint Jean nous l’a dit : « A ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, eux qui ne sont pas nés de la chair, ni du sang, ni d’une volonté d’homme, mais de Dieu », comme Jésus lui-même. Le baptême est l’ouverture de notre vie chrétienne, comme il est le début ou l’ouverture de la vie publique de Jésus.

Notre baptême a été le début de notre mission sur la terre, car notre vie à chacun est une mission, comme dit le Pape François dans l’Exhortation Gaudete et exsultate. Dieu ne nous a pas faits pour rien, au hasard ; nous ne sommes pas nés du hasard ou de la nécessité : nous sommes nés de Dieu, et nous allons vers Dieu, si bien que nous vivons pour Dieu. « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu », dit saint Paul, et « ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté », ajoute saint Jean. Notre vie est mission. Ma vie est mission. Ma vie d’enfant ou de vieillard, ma vie active ou passive, ma vie unique, précieuse, irremplaçable, aussi médiocre, malade ou ignorant que je sois, ma vie est unique et Dieu a besoin de moi pour la mission qu’il m’assigne, qui est tout simplement de vivre ma vie pour Lui et de lui rendre ce témoignage qu’il est mon Père et que je suis son enfant et cela pour tous les autres ; car l’Esprit filial quand il souffle nous fait vivre en même temps pour Dieu et pour les autres. Nul n’est une île.

De même que la Toussaint est la fête de tous les chrétiens en voie de sainteté, de même le Baptême du Seigneur est la fête de tous les appelés, de tous ceux qui sont nés à Bethléem et renés au baptême avec le Christ. « Il vous baptisera dans l’Esprit et le feu », disait Jean-Baptiste, et pas seulement dans l’eau. Chaque année, après Noël et les Mages, le Baptême de Jésus nous met en route. Nous venons de nous souhaiter une « Bonne et Heureuse Année ». C’est cela même dans l’Église ; c’est la suite immédiate de Noël, comme le Nouvel An du chrétien. Alors où irons-nous cette année ? Sur quels chemins le Christ va-t-il m’entraîner ?

Préparons-nous. Ceignons-nous les reins et retroussons nos manches. Déjà nous savons bien un peu quels sont les projets pour cette année, ou les points fixes de notre programme : on vise à faire ceci ou cela, à réaliser ceci ou cela, pour soi ou pour les enfants, ou pour les amis, ou avec tel groupe ou association, ou professionnellement. Ou bien il faudra seulement rester à la maison et vivre l’année où l’on est, comme on est. Il y a des points d’interrogation, des inquiétudes, des points obscurs. Mais nous sommes baptisés. Le Christ nous met en route ; l’année est commencée ; avec lui, le ciel s’est ouvert : « Tu es mon Fils, ma Fille… » Relisons la 2e lecture qui nous dit magnifiquement tout cela : (ici, le prédicateur relit toute la 2e lecture, en appuyant ou commentant d’un mot quelques expressions).

Comment chacun d’entre nous vivra-t-il cette année qui s’ouvre ? Dieu le sait qui nous y engage, qui nous appelle et nous met en chemin pour être avec nous et nous avec lui. C’est aujourd’hui le moment d’en prendre conscience et de nous décider dans la foi, car le baptême est le sacrement de la foi. « Croyez-vous en Dieu ? — Nous croyons ! » Jadis à la porte de l’église, quand les parents présentaient l’enfant à baptiser, le prêtre les accueillait en disant : « Que demandez-vous à l’Église de Dieu ? » et l’on répondait : « La foi ! », aujourd’hui on répond : « Le baptême ! », mais c’est la même chose.

Tout est pardonné d’avance, depuis notre baptême, pas seulement le péché originel et les péchés d’avant le baptême, mais tout ce que nous ferons encore, tout est pardonné, depuis la croix qui fut le grand et véridique baptême de Jésus ; il ne nous reste plus qu’à avancer en confiance. Il faut nous lancer dans les bras de Dieu comme le petit enfant qui court en riant de toutes ses jambes pour se jeter dans vos bras. Il vous attendra comme cela tous les jours, toute l’année. Et sa joie sera votre joie, et votre joie sera la sienne. Alors, Bonne Année à tous les baptisés, au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ! — AMEN !

(Photo : DR)