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Jésuites à La Réunion
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La course aux premières places

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 18 octobre 2015, 29e dimanche du temps ordinaire (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 4 novembre 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 18 octobre 2015, 29e dimanche du temps ordinaire (année B), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

Quel toupet de la part de Jacques et de Jean qui demandent à Jésus de siéger l’un à sa droite, l’autre à sa gauche !

Et les dix autres disciples qui s’indignent, eux aussi désirent ces places d’honneur ; un peu avant, ils s’étaient disputés entre eux pour savoir lequel était le plus grand. Combien de fois faudra-t-il répéter que dans le Royaume, personne ne fait de l’ombre à personne, puisque Dieu ne fait pas de différence entre les hommes et que son amour est le même pour tous. Puisque Dieu a élu tous les hommes, inutile donc de couper l’herbe sous les pieds des camarades.

Ce jour-là, la course aux premières places est relancée et quels dégâts ne fait-elle pas ? Elle sème la zizanie entre frères et sœurs qui se disputent pour savoir qui est le préféré de maman ou de papa ; certains ne se remettront jamais du sentiment d’avoir été le moins aimé, mais Dieu, lui, n’a pas de chouchou ; les premières places dans le Royaume, ce n’est pas comme à l’école où l’on classe les enfants selon leurs résultats. Le Seigneur se plaît plutôt à redonner confiance à ceux qui sont à la traîne et n’arrivent pas à suivre.

Aujourd’hui, Jésus nous demande de bien considérer nos hiérarchies humaines. À la place de la loi du plus fort, celle des grands qui font sentir leur pouvoir et règnent en maîtres, le Seigneur nous demande de choisir son esprit de service. Pour lui, ce qui fait la valeur d’une vie, c’est l’amour qui se met au service des autres. Oui, c’est en servant autrui que nous tissons avec Jésus la toile du Royaume. Avec Jésus, car c’est lui qui nous dévoile jusqu’où peut aller la folie du service. Dans l’évangile de Marc, le seul endroit où l’on retrouve ces fameuses places que réclament Jacques et Jean, seront occupées au calvaire par deux larrons, l’un à la droite, l’autre à la gauche de Jésus. Personne n’envie ces deux places, et pourtant c’est là qu’on est au plus proche de l’amour. Un amour dépouillé de toute volonté de puissance, où le fils du Très-Haut rejoint le plus bas de la terre.

Nous voilà ramenés à l’essentiel, servir les hommes qu’il faut conduire vers Dieu, quitte à se mettre à la dernière place pour que tous soient élevés dans la gloire. C’est cela la coupe du Christ, sa passion. Cette coupe sera amère et dure à avaler. Jacques et Jean y boiront un peu plus tard : Jacques sera martyr à Jérusalem et Jean condamné aux travaux forcés dans l’île de Patmos.

C’est ainsi qu’ils accompliront dans leur chair, ces paroles de Jésus : « Ma coupe vous la boirez » et « Parmi vous, celui qui veut devenir grand sera le serviteur, celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous ». Ces paroles sont l’esprit de l’Église, c’est dans le service, en effet, que prend forme et se distingue la communauté de ceux qui se réfèrent au Christ.

Aujourd’hui, avec les œuvres pontificales missionnaires, nous sommes invités à soutenir ceux et celles qui prennent soin des pauvres et sèment la joie de l’Évangile dans des régions, dans des pays où on a l’impression de se trouver dans un concentré de misères. Je pense que c’est à eux que pense le pape François quand il parle de l’Église comme d’un hôpital de campagne. « L’Église d’aujourd’hui, nous pouvons l’imaginer comme un “hôpital de campagne”. Excusez-moi, je repète cela parce que je le vois comme cela : un “hôpital de campagne”. Il faut soigner les blessures, tellement de blessures ! »

L’Évangile répond aux aspirations légitimes de vie, de paix et de joie des gens éprouvés ; et l’Église qui les accompagne, y puise aussi des forces neuves.

C’est vrai qu’on n’aura pas la solution pour faire face à tous les maux qui gangrènent le monde et qui nous dépassent, mais je peux vous assurer que l’Église n’a pas à rougir de ses états de service.

J’ai vu de mes yeux des missionnaires, prêtres, laïcs, religieuses, bâtir des dispensaires et des hôpitaux, développer des écoles, vivre au milieu des camps de réfugiés, partager leur savoir-faire ; j’ai vu des catéchistes se dévouer pour faire apprendre par cœur l’évangile à des paysans illettrés, partager leur joie de croire, et faire tout leur possible pur que le pardon et la paix progressent.

La quête d’aujourd’hui est destinée à tous ces semeurs de joie et d’espérance, merci d’être généreux.