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Jésuites à La Réunion
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Devenons vraiment ce que nous recevons

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 7 juin 2015, fête du Corps et du Sang du Seigneur 26e dimanche du temps ordinaire (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 7 juin 2015

par Père Christophe Kerhardy sj

Retrouvez ici l’évangile du dimanche 7 juin 2015, fête du Corps et du Sang du Seigneur 26e dimanche du temps ordinaire (année A), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

« Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » Jésus envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : “Le Maître te fait dire : où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?” Dans cet évangile, Jésus invite donc ses disciples à préparer le repas.

Aujourd’hui, à l’heure des plats tout prêts, des surgelés, c’est à peine si certains prennent encore le temps de préparer un repas, de mettre une belle table et de s’y asseoir avec d’autres, en famille, pour savourer un bon moment ensemble. Ce serait bien triste de perdre ici un art de vivre bien créole, où le temps passé en cuisine ou dans le boucan est tellement précieux pour la convivialité. Par ailleurs, nous pouvons nous demander quel temps et quels moyens je me donne pour préparer le repas du Seigneur ? Est-ce que j’ai laissé mon esprit mariner dans la Parole de Dieu ?

Cela étant posé, venons-en à l’Eucharistie. Avant de manger, quand tout était prêt pour le repas, les Israélites avaient l’habitude de rendre grâce à Dieu pour la nourriture. Jésus, les yeux levés vers le ciel, fait aussi un bénédicité. Remontant vers la source de tout bien, il bénit le Père et partage le pain et le vin aux Apôtres. En réalité, il est lui-même la vraie nourriture qui soutient notre vie, y compris dans les moments où la route se fait difficile, et où les obstacles ralentissent nos pas.

À la suite de Jésus, on peut donner beaucoup de choses aux autres, leur accorder du temps, de la disponibilité, leur apporter une aide matérielle –et c’est déjà un beau témoignage eucharistique quand nos générosités se densifient, quand nous refusons l’individualisme ambiant en développant une culture de partage.

Mais il y a plus encore. Vous sentez la différence entre donner quelque chose, même de très cher et donner sa propre vie de manière définitive ! Vous sentez la différence entre celui qui dit : « Je te donne une heure de mon temps », et le Christ qui dit : « Prenez, voici mon corps, voici mon sang ». Il ne donne pas d’une main en gardant quoique ce soit dans l’autre. Vous avez remarqué qu’à la Cène, aucun des évangiles ne mentionne que Jésus ait mangé lui-même, tous rapportent que ce soir-là, il ne retient rien pour lui, il s’offre entièrement.

Ce dimanche, le corps eucharistique du Seigneur sera porté en procession dans les rues de Saint-Denis et en beaucoup d’endroits. Des enfants jetteront des pétales de fleurs au passage de l’ostensoir. Ce sera une belle manière de rendre grâce à Jésus. Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’une dévotion doucereuse au sacrement de l’Eucharistie. On ne peut pas se reposer dans la contemplation du corps très saint du Seigneur en oubliant les exilés de la faim et ces millions de personnes exploitées et malnutries qui n’ont que des miettes pour survivre.

En nous donnant l’Eucharistie, le Christ a voulu nous rassembler en un seul et même Corps. Aussi, retenez bien ceci : quand un membre du corps est souffrant, c’est tout le corps qui est malade. Pour soigner ces plaies humaines, tournons-nous vers Dieu en lui demandant son esprit d’oblation et de partage qui résorbe toutes tendances égoïstes. Demandons-lui cette soif de fraternité, qui pousse vers la communion avec les autres, en qui nous ne trouvons pas des ennemis ou des concurrents, mais des frères à accueillir.

Saint Augustin disait à propos du pain et de la coupe : « Si vous les avez reçus dans de bonnes dispositions, vous êtes ce que vous avez reçu ». Mais comment correspondrons-nous à Jésus qui n’a pas retenu pour lui ce qu’il avait reçu du Père, mais qui l’a donné pour nous et pour la multitude ?

Selon moi, les vrais adorateurs de Jésus sont ceux qui écoutent sa voix et répondent concrètement à ces paroles prononcées le soir de la Cène : « C’est un exemple que je vous ai donné, vous aussi, faites de même en mémoire de moi ! »

Que l’Esprit nous donne de sentir combien le corps du Christ présent sur l’autel est également présent en toute humanité, et que les deux, le corps sacramentel et le corps fraternel, méritent une profonde attention.

Par conséquent, c’est à mesure que nos vies se donnent sans réserve, comme des époux qui s’engagent dans le sacrement de mariage, que nous devenons vraiment ce que nous recevons. La pointe de la fête du Corps et du Sang du Seigneur est là : le don le plus absolu, c’est bien l’offrande de soi pour la paix, pour la vie, pour l’amour. Aimer, à la manière de Jésus, n’est-ce pas tout donner et se donner soi-même ?