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Jésuites à La Réunion
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Un feu sur la terre

Retrouvez l’évangile du 18 août 2013, 20e dimanche ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

Article mis en ligne le 20 août 2013

Retrouvez l’évangile du 18 août 2013, 20e dimanche ordinaire (année C), l’homélie du père Christophe Kerhardy, et la prière universelle des fidèles de la Résidence du Sacré-Cœur.

 L’homélie

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. »

Voilà une parole inquiétante qui ne ressemble pas au langage habituel de Jésus. Ailleurs, il nous demande de nous réconcilier avec nos adversaires avant d’aller prier ou bien encore d’aimer nos ennemis. Juste avant sa mort, il dit aux disciples qu’il leur donne sa paix. Et on n’en finirait pas de citer tous les passages d’Évangile où Jésus nous invite à la réconciliation, à l’unité, à la paix moyennant le renoncement à la vengeance. Voici que maintenant il nous dit qu’il est venu apporter le feu, la division, l’hostilité au sein même des familles.

Cette parole est inquiétante parce que le feu c’est une image de destruction. Voyez comment des incendies peuvent ravager en quelques heures ce que la nature a mis des années à former, voyez aussi les scènes d’horreur provoquées par les armes à feu. Ne sommes-nous pas révoltés quand une ceinture d’explosif ou une voiture piégée, tue au nom de Dieu, est-ce que tout cela fait réellement partie du projet du Christ ?

Je ne crois pas un instant que Jésus ait pu inciter à la guerre sainte. La violence, la division, sous couvert de religion est comme un cancer dans le monde qui n’en finit pas de développer ses métastases.

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. » Vous le sentez, ce passage d’Évangile peut être compris de travers. Certains pourraient l’utiliser pour justifier je ne sais quelle sorte d’inquisition ou de Djihad, sensés défendre la religion. Alors, mieux vaut, disent certains, en finir avec ces religions meurtrières et choisir de construire la paix sociale en bannissant toute référence à Dieu.

D’un côté donc les partisans d’un Dieu qui fait mourir les infidèles, de l’autre les partisans de la mort de Dieu. Frères et sœurs, ne soyez ni l’un ni l’autre. Car il y a une autre compréhension possible de cet évangile. Le feu, la division dont parle Jésus, c’est sa Parole. Parole qui tranche en faveur des plus faibles et qui s’oppose à tous ceux qui les exploitent, Parole qui s’adresse aux pécheurs et qui les invite à se mettre à distance du mal, Parole qui sépare le mensonge et la vérité, Parole de vie qui réfute tout pouvoir à la mort. Vérité contre mensonge, lumière contre ténèbres, vie contre mort : oui, il y a de la division dans l’Évangile. Les disciples sont prévenus : la Parole de Jésus n’arrondit pas tous les angles et marcher à suite est un combat ardu entre ce qui élève l’humanité et ce qui la rabaisse. De même, la paix du Christ n’est pas une grâce à bon marché, c’est un don qui vient après un combat difficile.

« Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division.  » Ces paroles annoncent les oppositions que Jésus rencontrera quand il osera remettre en question les combines injustes, les manœuvres des puissances corrompues. Jésus ne calera pas devant ces intrigues et ces hypocrisies : son combat ne laissera pas le mal en paix.

Ajoutons-y l’expérience des premiers chrétiens affrontés aux tensions avec la synagogue, avec les autorités romaines. Jusque dans les familles on s’opposait aux convertis et on livrait les nouveaux chrétiens aux tribunaux.

Pour les témoins de Jésus, chassés, persécutés, brûlés, les puissances du mal finiront bien par caler devant l’esprit de fraternité et d’entente qui souffle dans l’Évangile.

Au fond, la division dont parle Jésus, c’est l’image d’un combat spirituel qu’il faut mener en vue d’édifier un royaume de justice et de paix. Et nous le savons, ce combat que mène Jésus, interdit la violence : « Range ton épée au fourreau » ordonne Jésus à Pierre au moment de son arrestation.

Dans les relations tendues, dans les espaces minés par les mésententes, quand l’ambiance devient irrespirable, tenez fermement à cette parole : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » et à cette autre parole : « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison. S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.” »

Oui que le feu sur la terre annoncé par Jésus, soit un grand feu de joie, autour duquel on se rassemble pour célébrer la paix enfin acquise.

Alors, shalom alerem, salam alekum, que la paix du Seigneur soit toujours avec vous.