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Haut les cœurs !

Dimanche 10 février, de 17h30 à 19h30, diffusion d’un film de Sólveig Anspach, suivi d’un échange.

Article mis en ligne le 7 janvier 2013
dernière modification le 17 février 2013

par Père Bernard Paulet sj

Dimanche 10 février, de 17h30 à 19h30, diffusion d’un film de Sólveig Anspach, suivi d’un échange.

Film de Sólveig Anspach, France, 1999, avec Karin Viard, Laurent Lucas, Julien Cottereau, Claire Wauthion, Philippe Duclos. César 2000 de la meilleure actrice.

L’affiche du film

Emma attend un enfant. Elle le voulait. Son compagnon, Simon, pas vraiment. Ils s’engueulent. Peut-être même se quitteraient-ils si Emma, un jour, ne sentait une petite boule dans l’un de ses seins. Contrôle de routine d’abord. Et puis, une biopsie. Et pour finir, l’air navré du médecin annonçant une tumeur maligne. Il faut soigner d’urgence. Opérer peut-être… Le médecin qui annonce à Emma qu’elle a un cancer du sein prévoit un avortement, les soins préconisés étant, selon lui, incompatibles avec la grossesse. Simon l’incite à consulter un autre spécialiste, le docteur Morin, qui affirme lui que les traitements peuvent être suivis tout en continuant la grossesse. Emma reprend confiance. Son corps qui l’a trahie redevient un lieu de vie : elle doit maintenant se battre pour deux.

Le cancer. Tout de suite, il met une barrière entre Emma et les autres. Ceux qui ont peur fuient, comme son jeune frère Olivier, qui l’aime, pourtant, mais qui ne peut simplement supporter l’idée de la savoir malade. Ceux qui redoutaient d’avoir peur, comme Simon, soudain, se rapprochent, deviennent, de façon inattendue et touchante, des compagnons, des complices. Emma se bat. Pour rester en vie. Et, surtout, pour donner la vie à cet entant qui, à ses yeux, est la seule raison de justifier ce qu’elle endure. Emma lutte, malgré les rayons, malgré la fatigue, pour garder son bébé le plus longtemps possible dans son ventre. Ce n’est pas un film qui rassure, non, mais qui assure que l’impossible doit être tenté. Toujours. À un futur papa qui, dans une salle d’attente, sans vraiment penser à mal, prône devant elle les charmes de l’accouchement naturel, Emma, excédée, lance cette formule qui, de toute évidence, se veut la morale du film : « Je remercie la science et j’emmerde la nature ». Intense et sobre, le personnage d’Emma est constamment magnifié par le talent de Karin Viard. L’actrice est prodigieuse. Ce regard qu’elle parvient, de scène en scène, à rendre de plus en plus incertain, tandis qu’autour d’elle le monde se dérobe. Ce que Karin Viard réussit à exprimer, avec une délicatesse infinie, une pudeur extrême et une force incroyable, c’est la lente progression de son personnage vers la lumière. Consciemment ou pas, Emma la cherche de doute en doute, d’épreuve en épreuve. Et soudain, elle est là qui l’envahit. Dans la chambre stérile où elle continue à se battre pour sa vie, vêtue de blanc, dans une clarté qui évoque le monde du futur, ou un reflet d’éternité, Emma n’est plus que beauté, pureté, sensualité, nouvelle femme, nouvelle Ève, en perpétuelle quête d’un espoir inguérissable.

Laurent Lucas et Karin Viard

Haut les cœurs ! est un film anguleux et peu sentimental, soucieux de toujours garder ses distances. Poignant, drôle, physique, combatif, il ne fait pas pitié ; il est plutôt fortifiant et vertigineux comme une avancée à cloche-pied sur le rebord d’une falaise. Sur un sujet grave, casse-gueule, la réalisatrice, pour son premier film, tisse un portrait de femme particulièrement réussi qui s’inscrit dans une histoire simple, forte et bouleversante. Bien plus qu’un film sur le cancer, c’est un film sur l’espoir, un film qui donne envie de se battre. Une bonne nouvelle à la veille de la journée de prière pour les malades.