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Jésuites à La Réunion
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Mais quelle sorte de roi est-ce là ?

L’évangile du 34 ème dimanche ordinaire, année B, l’homélie du père Christophe Kerhardy, la prière universelle du dimanche 25 novembre 2012, solennité du Christ, Roi de l’univers.

Article mis en ligne le 25 novembre 2012
dernière modification le 10 mars 2013

par Père Christophe Kerhardy sj

L’évangile du 34 ème dimanche ordinaire, année B, l’homélie du père Christophe Kerhardy, la prière universelle du dimanche 25 novembre 2012, solennité du Christ, Roi de l’univers.

L’évangile

Lorsque Jésus comparu devant Pilate, celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? »

Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? »

Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »

Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici. »

Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. »

(Évangile de Jésus Christ selon saint Jean, 18, 33-37)

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L’homélie

La fête du Christ Roi est récente. Lorsque le pape Pie XI l’instaura en 1925, beaucoup de nations avaient rompu depuis longtemps avec la monarchie. Des courants monarchiques rêvaient de restauration, mais disons-le clairement, le titre de roi, attribué au Christ, a une portée bien plus noble que ces conjectures temporelles.

D’ailleurs, avec l’Évangile de ce jour, nous tombons de haut ! Face à Pilate. représentant d’une puissant empire qui domine le monde, Jésus n’a aucune prestance royale et le style de sa souveraineté va sérieusement bousculer les critères de tous les pouvoirs mondains. Il est roi, mais il est né parmi les pauvres, il a grandi dans une famille modeste, et il ne s’est jamais pris au jeu des grandes pompes. Il est roi, mais il a toujours résisté aux foules qui voulaient le placer à la tête d’une conspiration politique. Il est roi, mais il n’a jamais puni ses sujets infidèles. Sa royauté se manifeste plutôt à partir de l’événement de la Passion. Il est roi en se donnant librement et en aimant jusqu’au bout.

Face à lui, Pilate est beaucoup plus fort. Il peut décider de condamner Jésus, il en a le plein pouvoir ; mais en réalité, Pilate ne saisit pas très bien la portée des événements qu’il arbitre. Que connaît-il de l’Esprit de Jésus ? A-t-il la moindre idée de la puissance réelle de l’amour ? Pilate a un gros pouvoir mais il hésite ; en fait, il n’est qu’un subalterne soumis à des pressions, celles de la foule hystérique, massée en dehors du Palais, qui attend la fin de la garde à vue, celles des autorités de Rome et de Jérusalem, qui espèrent une sentence sévère. Au fond, Pilate n’a pas grande marge de manœuvre. il est soumis à la pression des jalousies, des intérêts, des barons.

En face, c’est Jésus qui parle avec autorité. Quand il affirme « qu’il est venu rendre témoignage à la vérité », il dénonce le mensonge de ses détracteurs et il sait que cette déclaration est risquée, mais il en assume les conséquences, sans se dérober.

Sans légions célestes, sans milices armées, sans gardes du corps, Jésus affronte à lui tout seul les pouvoir politiques et religieux, et il en profite pour leur dire ce que devrait être une bonne gouvernance.

Sa sollicitude pour les blessés de la vie, l’effacement de son ego, sa critique acerbe contre ceux qui cherchent les premières places, sa puissance de pardon, qui a fait tant rugir les bien-pensants, c’est tout cela qui est le cœur d’une véritable souveraineté. Alors, à quoi saurons-nous reconnaître une bonne gouvernance ? Eh bien, en lisant l’Évangile, nous en découvrons la feuille de route ; une bonne gouvernance se mesure aux gestes qui soulagent et qui remettent en route, aux soins apportés aux malades et aux plus fragiles, aux exigences de vérité, aux refus de réduire quiconque à ses défauts, aux paroles qui stimulent l’estime de soi et donnent confiance en Dieu. C’est tout cela qui constitue l’esprit souverain de Jésus, et c’est tout cela qui régnera durablement. Comme l’affirme le prophète Daniel, « sa royauté ne passera pas, elle ne sera pas détruite, elle est éternelle ! ». De même, l’Apocalypse confirme et intensifie le propos : le Seigneur est l’alpha et l’oméga, le Tout-Puissant, celui qui est, qui était et qui vient ; sa promesse d’une vie bonne, durable, intense et heureuse s’étendra à tout l’univers.

Ce genre de règne, Jésus ne l’imposera ni en faisant la guerre, ni en organisant la révolution, ni en bourrant des urnes. Ces moyens de conquête sont franchement mesquins et minables. Pour J2sus, la croix tiendra lieu de campagne et de dernier meeting. Par elle, il cherchera à nous convaincre que le don de soi est bien plus noble que la domination des autres.

Oui, c’est en perdant sa vie pour ses frères, en acceptant librement de se donner soi-même qu’on s’élève souverainement jusqu’à Dieu.

Tandis que nous fêtons le Christ Roi de l’univers, nous prions pour les institutions qui ont la mission d’organiser notre vivre ensemble. Elles sont fragiles et critiquables, mais elles sont nécessaires. Le Christ ne nous incite pas à les mépriser.

Il n’y a pas d’organisations humaines pures de toute ambiguïté, une société parfaite est irréelle. Pas de fuite donc, mais un appel à convertir nos pouvoirs afin qu’ils répondent aux urgences d’aujourd’hui.

Un appel aussi à soutenir la pensée, la technique, la recherche, la culture, les institutions, avec un seul objectif : que tout concourt au mieux-être de tous. C’est à tout cela que nous sommes engagés quand nous disons : « Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel ».

Aimer c’est tout donner et se donner soi-même, voilà le programme d’un bon et vrai royaume. Ceux qui le mettent en œuvre, ici et maintenant, font quelque chose de très grand. Comme Jésus, offre-toi et amie de tout ton cœur, de toutes tes forces, de toute ton âme, alors, le Christ sera fier de toi et tu ne seras pas très loin de son Royaume.

Illustrations : Mosaïques de Marko Ivan Rupnik, jésuite slovène

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La prière universelle

Seigneur, le Roi de gloire, nous te prions pour ton Église dont tu es la tête. Qu’elle reste toujours attentive aux pauvres, aux petits, aux persécutés. Au milieu des hostilités dont elle est l’objet, qu’elle tienne ferme sa volonté de proclamer partout et toujours ta Parole d’amour et de salut. Seigneur, écoute notre prière.

Viens parmi nous, Seigneur, c’est toi le Roi de gloire !

Seigneur, le Roi de gloire, nous te prions pour toute la communauté chrétienne. Que chacun de ses membres reste attentif, à l’écoute de la voix de l’Église qui proclame, par ta Parole, les vérités essentielles. Que chacun, dans sa vie ordinaire, soit perçu comme le témoin invisible de ta royauté glorieuse. Seigneur, écoute notre prière.

Viens parmi nous, Seigneur, c’est toi le Roi de gloire !

Seigneur, le Roi de gloire, fortifie notre espérance dans un monde meilleur, plus fraternel, plus ouvert sur les misères et les souffrances qui nous entourent, une espérance portée par l’enseignement de l’Église. Que le flambeau que chacun de nous porte, soit le témoignage de notre foi. Et qu’il ne s’éteigne pas ! Seigneur, nous te prions.

Viens parmi nous, Seigneur, c’est toi le Roi de gloire !

Seigneur, le Roi de gloire, nous te remercions pour cette année liturgique qui s’achève, pour tous ces moments de rencontres et d’échanges, pour toutes les grâces données et celles à venir. Que l’année qui commence fasse grandir notre désir de mieux te connaître, de mieux t’aimer. Seigneur, nous te prions.

Viens parmi nous, Seigneur, c’est toi le Roi de gloire !