L’homélie
Quand saint Jean écrit son Évangile, il ne raconte ni la naissance de Jésus à Bethléem, ni la venue des mages ; il fait bien allusion au baptême dans le Jourdain mais il ne dit rien des tentations au désert, la vie publique de Jésus commence avec les fameuses noces de Cana.
Au commencement donc, la joie. La joie des jeunes mariés, de leurs familles, de leurs amis, cette joie qui est perceptible dans nos mariages, mais aussi la joie de Dieu et de l’Église qui contemplent l’union d’un homme et d’une femme, et qui trouvent que cela est très bon.
Seulement, il y eut un couac aux noces de Cana : le vin, censé réjouir les cœurs, vint à manquer. Une pénurie de vin, vous allez me dire, ce n’est pas un drame, mais pour Marie ce manque mérite une intervention de Jésus. Celui-ci hésite : « Femme, que me veux-tu ? ». C’est un peu sec pour s’adresser à sa maman, mais Marie ne se vexe pas. Elle voit les gens qui sont dans le besoin, alors elle force un peu la main de Jésus et le presse de faire quelque chose pour relancer l’ambiance.
Jésus fait remplir six jarres de purification. Les serviteurs les avaient vidées une fois les ablutions rituelles finies et ils doivent se demander pourquoi les remplir de nouveau. Une vingtaine de seaux par cuve, et il y en avait six ! À quoi bon charroyer toute cette eau puisque la noce est arrivée au moment du dessert ? Enfin, ils obéissent et ils remplissent les cuves jusqu’au bord.
Voyez comment obéir au Seigneur, sans rechigner, n’est pas peine perdue. Voilà que 600 litres d’eau se changent en 600 litres de vin. Jésus n’a pas la main légère, il ne compte pas. Heureusement qu’à l’époque on n’avait pas encore inventé l’alcootest ! En fait, cette abondance de vin est un signe, le premier signe à travers lequel Jésus va montrer la profusion de grâce, l’amour inépuisable qui sera la signature de sa nouvelIe alliance.
Ce premier signe de Jésus provoque l’émerveillement des convives. Voilà au moins un jour, où l’intervention de Dieu fait l’enthousiasme de tous les hommes ! Mais n’est-ce pas toujours ainsi ? Au fond, que désire le Seigneur sinon notre bonheur et notre joie ? C’est pourquoi, nous devrions peut-être le montrer davantage pour ne pas laisser dire que le christianisme et l’Église, avec sa discipline carrée et froide, sont ennemis de la joie.
Pour évangéliser les sceptiques, montrons-leur que la grâce offerte par Jésus, en quantité et en qualité excellentes, donne à notre foi l’allure d’une ivresse spirituelle. Avec Jésus, la religion n’est pas un traité de choses austères et ennuyeuses, avec Jésus la religion c’est l’art d’un maître vigneron qui a le secret d’un grand cru. Dans cet art, même la croix, signe de ce qui manque, signe de tristesse, sera changée en puissance d’amour et de vie.
A Cana, la fin des noces semblait mal tourner, de même, au calvaire, la fin de Jésus semblera tourner au vinaigre, mais allons jusqu’au bout de l’Évangile pour découvrir, avec surprise, que la fin des noces de l’Agneau est hyper joyeuse.
Par conséquent, étant convaincus que Dieu désire notre bonheur, nous pouvons faire part à Jésus de nos manques. Comme Marie, nous pouvons attirer son attention et lui dire : nous n’avons plus de vin, nous n’avons plus de joie, nous n’avons plus d’amour, c’est pourquoi nous n’avons plus de vie. Et la merveille, c’est que Jésus s’insère dans ces pénuries ; il s’y insère, à condition de l’avoir invité, comme l’ont fait les mariés de Cana. Oui, invitez le Seigneur dans vos faiblesses et vos déceptions, invitez-le quand l’amour s’épuise, quand il n’y a plus de compréhension ou d’enthousiasme.
C’est tous les jours que nous avons besoin du soutien de la grâce. Si nous avons invité le Christ comme un ami, alors, il sera là pour donner le meilleur et relancer la joie ! Et si les choses ne s’arrangeaient toujours pas, le bonheur sera encore possible, car rien n’est impossible à Dieu. Oui, unie au Christ, l’humanité, comme une jeune mariée, sera la joie du Seigneur. D’ailleurs, à Cana, les invités aux noces n’ont pas bu tout le vin, nous en buvons encore !
Aujourd’hui, ce n’est plus seulement à Cana, mais c’est ici et un peu partout dans le monde, là où est lu cet Évangile, là où sont célébrées les noces de l’Agneau, là où le vin est changé en sang pour le salut de tous les hommes, que nous reconnaissons la gloire du Christ. Une gloire qui nous abreuve de grâces.
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La prière universelle
Seigneur, tu partages entre tous, les dons de ton Esprit. Découvre à chacun le charisme qui lui est propre et qu’il le mette au service de tous. Seigneur, nous te prions.
Seigneur, pour que les chrétiens vivent pleinement dans l’unité leur mission de baptisés, qu’ils répondent à l’appel de Dieu comme témoins de l’amour du Christ. Seigneur, nous te prions.
Seigneur, pour les couples qui vont s’engager dans le sacrement du mariage et ceux qui essaient de vivre dans la fidélité à ton alliance. Qu’ils aient conscience de la mission que tu leur confies : être des témoins de l’amour qui unit le Christ à l’Église. Seigneur, nous te prions.
Seigneur, tu es la Paix sur terre. Aujourd’hui, plus que jamais, nous te confions les populations meurtries par la guerre. Ouvre le cœur de tous les hommes à la justice et à la solidarité dans une ferme volonté de paix durable à laquelle tous les peuples aspirent. Seigneur, nous te prions.